Arrivée dans les années 1870 à Varages, Michel Battaglia, artiste très talentueux est aussi décorateur, tourneur, et modeleur. Sa maîtrise de toutes les techniques faïencières est exceptionnelle.
Il laisse une production variée et très abondante, vers la fin du XIXème siècle. Son style original témoigne souvent de ses origines italiennes, et de son séjour à Vallauris.
Mais on n’arrête pas le progrès. Vers 1910, c’est un broyeur mu par un moteur à gaz pauvre qui est installé, par Marius Inaudi.
Peu de temps après, André Bruno, dans sa fabrique du Pavillon, adjoint au broyeur une dynamo. Ainsi avec son usine il éclaire quelques rues et quelques maisons du village. Varages entre dans l’ère de la mécanisation.
La peinture à la main est remplacée par celle au tampon en caoutchouc. Les décors sont allégés, (c’est le retour du monochrome) ou totalement supprimés en faveur d’un émail coloré jaune miel qui recouvre toute la surface des pièces.
Le développement des transports routiers rend possible la fabrication de quantités toujours plus importantes de marchandises.
En 1919, Félix Boutueil et Deloye construisent le premier four à flamme renversée. Il faut une quantité plus importante de bois pour l’alimenter mais les cuisons sont plus régulières.
En 1925, à Saint Jean, chez Marius Bertrand, on travaille toujours comme 200 ans auparavant. Mais en 1929, la crise aidant, la fabrique est définitivement fermée.
En 1927, une nouvelle fabrique est construite à l’initiative d’André Bruno et de Georges Foubert. Elle possède 2 fours, l’un pour le biscuit, l’autre pour la faïence.
La production est variée, mais déjà industrielle. A la même époque, la fabrique Inaudi, mécanisée, produit elle aussi, une faïence d’usage courant. A la veille de la guerre de 1939, il y a à Varages, 4 fabriques occupant une centaine d’hommes et de femmes.
A la fin des hostilités, les fabriques connurent pendant quelque temps, une période de grande prospérité. Mais au cours des années cinquante, le plastique, le verre, l’arcopal envahirent le marché, réduisant d’autant la demande des pièces en faïences.

Faute de bénéfices, les investissements deviennent impossibles. La fabrique Inaudi, ayant rencontré des obstacles insurmontables, lors d’une tentative de modernisation, ferme en 1962.
Jean Boutueil, utilise une technique de pâte torsadée et reprend les vieux moules de la grande époque. Cela lui assure un sursis, mais le 1er Janvier 1968, la fabrique éteint ses fours.
En 1960, la fabrique Georges Foubert est vendue à Antoine Del Prete, négociant, dont les affaires, prospéraient sur la place de Marseille. Le 1er Avril 1963, Jean Foubert échangeait simplement son titre de « gérant » contre celui de « directeur ».
La production de ces années est un style campagnard, la faïence « pain brûle ». La marque apposée sur les pièces est adp : « art décoratif provençal » que l’on peut traduire aussi par Antoine Del Prete. Dans la fabrique Bruno, les machines inventées ou mise au point par Fernand Rousset et son fils Gaston, permettent de soutenir la concurrence.
Mais en 1973, la fabrique, elle aussi, est rachetée par « Del Prete S.A ». Les 2 usines sont peu après réunies sous la même direction et porte le nom de « manufacture des Lauriers ».
Mais l’artisanat n’est pas définitivement mort. En 1953, Louis Pelas, occupe sa retraite en décorant des services de faïence. Marcel et Germaine Inaudi après la fermeture de l’usine familiale, en 1962, installent un atelier artisanal. Les sœurs Jeannine et Marcelle Missant, devenues mesdames Cesana décorent avec finesse des œuvres pour la manufacture des Lauriers. Jeanine est « meilleure ouvrière de France.

De nos jours, la production de faïence à Varages se perpétue; au coté de la manufacture reprise par une SCOP formé par les anciens salariés, les six faïenceries d’Art installées au cœur du village, assurent la continuité de cette tradition faïencière. Fidèles aux traditions techniques et artistiques, ils réalisent des œuvres inspirées du passé ainsi que des œuvres personnelles et contemporaines.
Ainsi la tradition faïencière est bien vivante. Grâce à l’obstination, l’ingéniosité et la créativité de générations de faïenciers qui on traversé les crises économiques et les temps troublés de l’histoire, Varages vit encore et toujours à l’heure de la faïence.
Décor au tampon en caoutchouc, filet réalisé à la main
Émail colorée, miel
Décor à l'aérographe avec des caches
La faïencerie de Varages en Provence de nos jours
Faïencerie de la Belle Epoque - Varages